mardi 26 février 2013

Une journée de merde


Il y a des jours où rien ne va. Manifestement hier était l’un de ceux-là. Ça commence par le petit doigt de pied qu’on cogne au coin du lit, puis l’on marche sur un jouet qui n’a pas été rangé et qui fait pimpompin donc réveille le bébé, qui pleure et réveille sa sœur et tout ça à six heures du mat. Le reste de la journée n’est qu’une succession d’évènements similaires. C’est facile de croire en la schcoumoune. J’ai toujours refusé de m’y abaisser ou de le prononcer sait-on jamais. Je veux rester maître de ma vie le plus possible et laisser l‘arbitraire, le hasard, la fatalité à distance. Mais hier, j’étais guidé par la maladresse, le pas de bol.

Oscar et moi avons voulu passer le samedi ensemble. C’est pas souvent qu’on se retrouve tous les deux, et j’aime bien quand ça se présente. On a commencé la journée par un casting. Oscar a fait le mannequin pour une marque de vêtements d’enfants. J’ai des principes et je n’ai jamais voulu que mes enfants soient dans une agence de mannequins. Pourtant, sans me vanter, je pense qu’ils sont les plus beaux enfants du monde, mais l’idée de courir les castings ne m’a jamais branché et puis je n’aimerais pas qu’ils grandissent en pensant qu’ils sont les plus beaux ; y’a que moi qui le sait, ils doivent se concentrer sur d’autres choses essentielles de la vie comme le partage, le travail, la gentillesse, l’humour pour ne citer qu’eux. Rosie passe assez de temps devant sa glace à chanter ou à se maquiller, comme moi. Pour le maquillage. Elle n’a pas en plus besoin d’un regonflage d’ego, d’ailleurs elle m’a dit un jour qu’elle savait qu’elle était belle que je n’avais pas besoin de lui dire tout le temps. C’est donc réglé. 



Mais Oscar étant plus âgé j’ai fait une exception, j’aime aussi revoir mes principes d’éducation quotidiennement. Il y a un an, il m’a demandé pour faire comme son copain Joe, de s’inscrire dans une agence de mannequin. Après des heures de réflexion, un retour sur mes notes et sur ce que je pensais déjà, des enfants mannequin, une réunion au grand sommet avec moi, Pip, Rosie et George, je me suis dit qu’Oscar était beau et qu’il était temps de mettre en pratique mon concept du partage.  Partageons sa beauté avec le reste du monde sur des affiches 4 par 4. Il était assez grand pour décider et il avait assez confiance en lui. Au bout de trois mois à me tanner pour le faire, j’ai cédé.




Nous avions pris la chose au sérieux, fait des études de comparaison de la meilleure agence. Rencontrer plusieurs personnes, dont des arnaqueurs, pour finalement envoyer des photos à la plus respectable de Londres, parce qu’on aime la qualité et qu’on a un produit de qualité à leur offrir. Heureusement qu’Oscar a la ténacité d’un poisson rouge car une fois l’inscription faite, il ne m’en a jamais reparlé. Et c’était tant mieux puisque l’agence ne m’a jamais rappelé non plus. Chacun chez soi et les moutons sont bien gardés. Aucun de nous ne s’est demandé pourquoi, tout le monde s’en foutait, bien au courant de la superficialité de cet univers. Jusqu'à la semaine dernière, où on lui a proposé son premier casting. Nous étions donc en route pour une journée à deux et l’idée nous enchantait. Sauf que voilà, j’ai commencé cette journée du pied gauche.

Retour en arrière : après le casting, qui s’est, ma foi, très bien passé, Oscar était regonflé à bloc, heureux de lui. On a décidé de se faire un snack sur le pouce et un ciné. Bon public, on était près à voir n’importe quoi, du moment que la séance était à midi.
Seul, Zero dark thirty coïncidait à notre emploi du temps serré. Nous voilà en route pour la chasse à Ben Laden. On fait la queue, on fait des blagues, l‘ambiance est bonne jusqu'à ce que j’entende Oscar dire au guichetier «  j’ai 15 ans ! Oui monsieur » je fouillais dans mon sac, concentrée sur mon porte monnaie et je m’entends dire haut et fort « non, il a 14 ans, Oscar tu as 14 ans ! ».
J’aime que les choses soient claires, j’aime la justice et la vérité. J’étais aussi confuse, toujours fixée sur la finance, je voulais payer le prix ado et non adulte. Je n’ai pas réfléchi vraiment à ce que je disais, j’ai été con c’est tout.  Pour  3 euros de différence, nous nous somme fait refuser l’entrée. Le film est interdit au moins de 15 ans.
Oscar m’a regardé du haut de son mètre quatre vingt, l’air désabusé comme s’il avait envi de changer de maman. Il a soupiré. Oscar est grand, il pourrait dire qu’il a 25 ans qu’on pourrait le croire. Il est grand, beau, comme on le sait déjà, et a une aura, une assurance de jeune homme plus âgé que son âge, il fait mature. Je le revois maintenant, l’assurance avec laquelle il a dit «  j’ai 15 ans » à ce mec, qui lui demandait son âge, comme on demande l’heure. Il aurait pu lui faire avaler des couleuvres, l’hypnotiser, lui demander la caisse si ça lui chantait.
Mais non, rien de ça n’arriva, à cause de ma bêtise. Je n’ai pas compris qu’il essayait de nous sauver la mise puisque je ne savais pas que le film était un moins de quinze ans. Mais non, non, non, moi, la marâtre, toujours à rabrouer mon fils, j’ai toujours le dernier mot. Il a fallu que je l’ouvre ma grande bouche. Et voilà, le jeune homme au comptoir suant de doute, de peur de se faire virer, de ne plus jamais vendre de popcorn de sa vie, nous a refusé la vente de tickets. Malgré mes « mais ! Je suis sa mère !!! Je peux décider quand même » Please ? »

Réunion. Oscar a le droit de m’engueuler, je prendrai sur moi, j’ai fermé les yeux en m’attendant vraiment à une volée de bois vert. Ça serait la seule fois de sa vie, qu’il en profite. Et il ne s’en gêne pas, oh oui allons y de « Mais maman, qu’est-ce que tu fous, il avait rien vu le mec, t’es vraiment…. !!!! ». Il avait le choix :
Débile, sotte, arriérée, à l’ouest, à la rue, pas cool, neuneu…

Mais il n’a jamais fini sa phrase car une larme a coulé sur ma joue, juste une, que j’ai rattrapée avec ma langue, reniflée puis je me suis redressée pour lui dire « viens, on va voir un autre film, on a pas fait toutes ces bornes pour rien ». J’ai lu de l’admiration dans ses yeux. Il a vu mon courage et senti que je me battrai contre une armée pour lui faire plaisir.



C’est comme ça qu’on a choisi d’aller voir Lincoln. Un peu d’Histoire, je me suis dit que ça ne ferait de mal à personne ; et puis Daniel Day Lewis, c’est conseillé quand on a le moral dans les chaussettes.
Cette histoire m’a embêté. Quelle conne j’ai été, où était mon cerveau, qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi, des fois, je ne réfléchis pas avant de parler? Bref, j’étais dans les toilettes à réfléchir à tout ça, faisant  mon pipi, le papier dans une main, les tickets dans l’autre, je réfléchissais, et je réfléchissais, je me refaisais la scène, invoquant les mauvais esprits et puis dans le feu de l’action je me  suis trompée de main  pour m’essuyer. Bien là, j’avais à mon tour deux options : me faire Harakiri du haut de l’escalator du centre commercial ou rigoler, parce que c’était tellement tropico qu’il valait mieux en rire. Une deuxième larme a coulé mais cette fois d’amusement.




Merci à Cécile Petit pour ses illustrations burlesques et explosives de couleurs. Voici son site pour ceux et celles qui en veulent plus et sont prêts à découvrir ses créations:







mardi 19 février 2013

Marions les!


Jusqu'à hier soir je ne savais pas trop comment argumenter mon oui au  mariage pour tous. C’est facile de dire qu’on est pour. Ou contre d’ailleurs. Je suis pour. Ça me paraît une évidence mais quand j’y réfléchis et j’essaie d’expliquer  pourquoi, à mes enfants, je trouve ça moins évident et j’y vais de « c’est pas juste, on devrait tous avoir les mêmes droits, voilà !»
Et puis, je vous ai vu manifester de ma petite fenêtre londonienne, et je me suis dit que je serai venue si j’avais été à Paris. Mais, toujours pas de mots pour mes enfants.


La semaine dernière, je suis allée au théâtre voir la pièce Judas Kiss (ça m’empêche pas de sortir cette histoire je sais !) de David Hare avec Rupert Everett, entre autre, qui incarne Oscar Wilde à un moment bien précis de sa vie. Il est amoureux d’un jeune  aristocrate qui semble plus amoureux de son art que de sa personne. L’homosexualité est alors un crime. Leur relation n’est plus secrète et la pièce commence sur les instants de tourments juste avant l’arrestation d’Oscar Wilde en Angleterre. Doit-il partir à l’étranger pour échapper à un jugement ou rester fièrement et assumer ses actes. Que va faire son jeune amant, le soutenir, se défiler ? En dehors de son homosexualité et de ses  relations amoureuses, ses thèmes de prédilection sont  abordés: la jeunesse, la mort, l’envie, la peur de vieillir. On se rend vite compte que les sentiments ne sont pas réciproques, du moins, les motivations et les priorités. Et c’est triste. Vraiment triste parce qu’il se laisse arrêter pour épargner son protégé et prendre seul la responsabilité de ses actes. C’est triste aussi d’être enchainé à son corps vieillissant quand la jeunesse vient vous toiser.

Rupert Everett est très touchant et very Oscar Wilde. Pour ceux qui ne connaissent pas Oscar Wilde, on découvre un homme fort dans ses opinions, faible en amour, spirituel et qui use de son humour pour tourner tout à la dérision. Son crime ? Son homosexualité. J’ai lu trois fois Dorian Gray quand j’étais jeune. Oui, à l’approche de la quarantaine, j’ai le droit de dire « quand j’étais jeune ». J’ai toujours été fascinée par cet homme ainsi qu’Oscar Wilde, je trouvais fascinant cette histoire de vanité et la capacité de l’être humain à prendre de terribles décisions afin de rester jeune et de reculer l’heure fatidique, celle de la mort. De laisser aussi cette vanité monopoliser une vie quand tant d’autres bonheurs sont à portée de main. Aujourd’hui, vingt ans après, ça prend tout son sens puisque j’ai parfois de grandes bouffées d’inquiétude quant à la pérennité de ma jeunesse ; et de ma beauté incontestable. Combien d’années me reste-t-il avant que je sois obligée de dire «  ah quoi bon ? J’m’en fous maintenant, au point où j’en suis, qui me kiffe à part mon mari ? » Ça, c’est s’il me kiffe toujours. Et s’il est toujours mon mari. Je vois Dorian dans mon miroir, qui me propose des liposucions, un voyage pour LA afin de refaire mes seins, mon nez, mes jambes et… (quoi ? Ouah, non, pas, ça je n’y touche pas ! Même si c’est très en vogue en Californie). Ah ! Dorian comme je te comprends surtout dans notre société actuelle où les tentations sont multiples et de moins en moins onéreuses.

Mais excusez-moi, je m’égare, j’étais là aujourd’hui pour parler du mariage pour tous. Quand je pense que c’était considéré comme un crime d’être gay. Ça paraît insensé non ? Que jusqu’en 1990, l’homosexualité était classée dans les maladies mentales, que dans certains pays encore  c’est toujours passible de peine de mort. On ne va pas refaire l’historique, mais bon, jusqu'à hier il valait mieux se cacher si on était homosexuel. On se rafraichi la mémoire sur les persécutés de la seconde guerre mondiale ? C’était hier. Aujourd’hui à l’heure de l’Ipad, du singe qu’on va catapulter sur Mars pour explorer la planète, de Rex le premier homme bionique (moitié métallique, moitié organes humains), de la technologie qui ne cesse d’inventer des nouveaux joujoux qu’on a peine à  comprendre, à l’heure où tout va vite et où on doit s’ adapter si on ne veut pas être perdu dans un océan de technologie archi sophistiquée, à l’heure aussi de  Thomas Beatie qui en est à son troisième enfantement, de ces acteurs hollywoodiens qui cachent leurs préférences sexuelles par peur d’être rayés du barreau ; dans cette ère,  des gens s’opposent au mariage des homosexuels, parce que leur petits esprits refusent de voir plus loin, de considérer un changement, d’avoir l’esprit ouvert ? Des gouvernements, des manifestants voudraient les empêcher de se marier, de célébrer l’amour, d’être uni, d’acquérir ce droit, d’avoir le choix.

Qu’on soit pour le mariage ou pas, nous, les hétéros, nous avons le choix. C’est pourquoi, le combat ici, c’est d’avoir les mêmes droits que nous, d’officialiser la légalité de l’homosexualité et de la liberté de choix de vie. Je pense à mes amis,  chers à mon cœur, qui se battent pour ces droits pendant que moi, je suis bien gentiment assise sur ma chaise, mariée à mon Pip. Moi, je l’ai eu ce droit sans me poser la question. J’ai même eu l’audace de me marier religieusement alors que je ne crois pas en dieu. Vous voyez, je fais ce que je veux de mon mariage. On peut aujourd’hui se pacser, vivre en union libre, en concubinage ou même chacun chez soi. Mais quand je me suis mariée, ce que je voulais c’était officialiser ma relation, la consolider, dire à mon homme que je ferai tout ce que je peux pour faire durer notre histoire, le dire haut et fort pour que tout le monde entende bien que j’étais amoureuse et que je prenais cette relation au sérieux. Il y aurait des hauts et des bas, ça pourrait même ne pas marcher. Mais j’ai eu l’envie de le faire. Et j’ai pu. On sait que l’amour, c’est pas forcément pour la vie et que parfois c’est douloureux. Qu’on peut divorcer, se marier plusieurs fois avec des personnes différentes, ou bien avec la même. On a le choix. Et certains font même n’importe quoi ! J’ai bien conscience que cette conception du mariage est la mienne, que chacun se marie pour des raisons différentes, mais c’est un droit, une liberté à laquelle nous ne réfléchissons plus, on peut le faire.

Je ne me suis pas mariée pour les histoires de réductions d’impôts, parce qu’on vivait déjà en Angleterre à l’époque et c’était pas transférable. Je me suis renseignée. C’était pas non plus pour avoir la double nationalité. Ça fait 8 ans que j’essaie d’être anglaise, y’a rien à faire, j’y arrive pas, c’est comme d’enfoncer un clou dans de l’acier. Et l’acier, c’est moi. Ça ne marche pas ! C’était pas non plus, parce que j’étais déjà mère d’un enfant, issu d’une union précédente et illégale, que ça faisait mieux comme dans le temps, d’être socialement uni, représenter une famille, au lieu de vivre dans le péché. Non, c’était la première fois que j’avais envie de me marier. C’était lui. Et croyez-moi, ils se bousculaient au portillon pour être l’élu, mais j’ai dit, non, Pip, c’est toi et rien que toi.
Il sait pas qu’il a eu une sacrée chance ce jour-là !

Je suis pour le mariage pour tous. Je trouve hypocrite de s’en outrer et j’aimerais comprendre la peur qui se cache derrière l’opposition violente de certains mouvements comme les catholiques. Personnellement je pense que la cause serait gagnée si le mariage civil était autorisé mais voyons grand, bousculons les diktats, mettons un coup de pieds dans la fourmilière. On peut être gay et catholique pratiquant non ? Impliquer la religion ne ferait que rallonger le débat et j’en suis déjà à ma troisième page.
Je finirai en disant que refuser ce droit serait une insulte majeure à tous ces Harvey Milk, Oscar Wilde, Armistead Maupin, Pierre Bergé, Yves St Laurent, George Michael,  Ellen DeGeneres, Ian McKellen, ou Jodie Foster plus récemment qui se sont battus et ont résisté aux critiques pour la même cause. Est-ce que tous ces hommes et femmes auraient fait ça pour rien ? Ces célébrités, certes privilégiées par leur statut, ouvrent des portes, aident la cause en la rendant d’une banalité affligeante, comme Cynthia Nixon (la rousse de Sex and the city), Roland Mouret (designer), pour ne citer qu’eux, mariés et heureux. Ça serait triste de se dire que ces gens (et j’en oublie) ont pris des risques, ont affronté le regard des autres, ont été d’une force dont nous, hétéros, n’avons jamais eu besoin de nous munir. Tout ça pour rien ?



Merci Emmanuel Elmerich pour tes illustrations, ravie de notre collaboration.





mardi 12 février 2013

Mon Larousse


Dans mon dictionnaire des synonymes, on peut trouver au mot « peur », la célèbre expression « avoir la colique ».

Et bien, je me permets d’intervenir et de préparer une lettre de contestation destinée aux auteurs de cet ouvrage « couronné par l’Académie française ». C’est pompeux mais ça ne me fait pas peur. J’ai beau perdre mon français et le mélanger avec des mots venants du monde entier, je sais très bien ce qu’est la colique. Elle peut certes, se déclarer dans un moment de terreur, de doute, d’angoisse mais on ne dira jamais dans cette situation « oh… j’ai la colique ! ».

Non, parce que si on me dit ça pendant que, par exemple, on est à Amityville, que le berger allemand hurle à la mort en nous montrant la fenêtre,  d’où je peux voir une tombe au fond du jardin qui, par Toutatis, bouge et, oui, une main d’outre tombe, c’est le cas de le dire, sort et fait des « Hâââââaaaaaaaaaa » et du sang gicle sur les carreaux des fenêtres etc… je vous laisse imaginer le décor. Si là, vous me dites: « j’ai la colique ! » je me verrai obligée de vous répondre trois choses :

·      « Allez au toilettes » réponse simple pour un état de fait simple.
·   « Ah vraiment ? Ça tombe sacrément mal, avez-vous vu Rintintin qui hurle à la lune et essaie de nous dire quelque chose, je crois.»
·      Ou simplement « vous choisissez bien votre moment, vous alors ! »

Mais tout ça, c’est si j’arrive à oublier une seconde les hurlements du chien, les meubles qui volent au dessus de moi dans cette chambre condamnée suite à la mort d’un enfant, que dis-je d’une famille entière, il y a de ça vingt ans, avant que je ne décide d’acheter cette satanée maison à Amityville. Quelle idée j’ai eu encore ! Tout ceci, pendant que je me demanderai, d’où sort ce long rifle, je ne porte pas d’arme, ah ces Américains ! Alors, vos gargouillis intestinaux me voleront au-dessus de la tête, avec les chaises. Je serai moi-même en train de faire dans mon slip, donc ça serait un peu comme un pléonasme.

Et puis, concrètement si j’étais vous - que c’était moi qui avait la colique - je pense que je dirai plutôt « j’ai les  chocottes, j’ai la trouille de ma vie, oh doux jésus, bordel de merde, dans quelle dimension suis-je ? Je croyais qu’Amytiville c’était un film !!! » et là peut-être, de terreur je relâcherai les muscles de mon sphincter et arriverait ce qui arriverait. Mais ça serait pas une colique. Et puis, je le garderai pour moi.

Bref, c’est impossible. On ne met pas « avoir la colique » en synonyme de peur. Peut-être dans le Vidal mais pas dans le Larousse. Franchement ! Ça me fait penser à ma grand-mère qui parlait de sa coulante. Ça ne peut être qu’une erreur de l’imprimeur qui avait des soucis ce jour-là.

Je suis en plein baby boum, le sujet est sensible. Je m’y connais un peu en colique. C’est le fruit d’une colique qui va me réveiller à 4h du mat. C’est le gargouillis d’une colique et les pleurs qui s’ensuivent qui provoquent chez moi une panique, à savoir si le bébé est malade, s’il est contagieux, si les autres enfants de la maison vont l’attraper, s’il souffre d’abord et ensuite combien de jours je vais être bloquée à la maison sans pouvoir rien faire. Je m’y connais, croyez moi. De la couleur, je peux dire si c’est sérieux ou pas, la fréquence aussi, bref on ne me la fait pas. La peur, en revanche, je m’y connais moins, je l’associe au loup, au désobéissant petit chaperon rouge qui me fait flipper à mort avec son panier et son incrédulité. Et indubitablement la peur de la mort et de l’au-delà que j’ai concrétisé sous la forme du film Amytiville*. Mais bon, je rappelle à tout le monde qu’on est ici pour rigoler, par conséquent la thématique sera plus joyeuse si on en revient à la colique. Ceci étant dit, je pense qu’on a fait le tour du sujet,  j’ai beau avoir grandi avec ce genre d’humeur que je maîtrise haut la main, je ne tiens pas à faire deux pages scatologiques.






*

     Film que je n’ai JAMAIS vu. C’est un aveu. L’histoire de ce film est la pire chose qui puisse m’arriver. Mon pire cauchemar. On me l’a racontée quand j’étais encore innocente et depuis, il symbolise mes terreurs nocturnes: les esprits, le diable, les enfants possédés (Damien, pareil), les bergers allemands, les années 70, les gens qui gardent les chambres intactes après la mort d’un être cher et pour finir, les tombes dans les jardins y compris, celles d’oiseaux. Ce film représente aussi toute une période de mon enfance insouciante remplie d’affection, de famille, de rires, de rêves d’enfants, de naïveté, de champs de colza, jusqu'à ce qu’un con ne se sente plus pisser de raconter à une petite fille, l’histoire de cette maison hantée. C’était un peu comme un passage forcé à l’âge adulte. Je passais de l’autre côté, le côté sombre, en un film que je ne verrai jamais. C’était se prendre un bus en pleine poire. Je n’avais jamais imaginé qu’il pouvait y avoir des gens malintentionnés, pas dans mon petit monde. J’ignorai qu’il y avait un autre côté, perverti par des esprits maléfiques et démoniaques. Ni même que George Michael pouvait être gay. (Pas qu’il soit maléfique non plus, hein !) Pourtant, il m’envoyait pleins de signaux, qu’à l’époque je n’étais pas prête à lire. Les grandes chaussettes blanches pour accessoiriser ce sublime short blanc sans parler de son brushing. Tout était là pour semer la confusion. Mais non, moi, je voulais me marier avec lui et je croyais qu’il avait écrit « I want your sex » en pensant à  moi et même que je me suis dit à l’époque « puré, il y va fort Michael !!!».

Ce n’est donc pas une vulgaire colique qui pourrait me faire peur, ni même le brushing de George.



Merci Roxanne Martinez pour tes illustrations sur un thème pas évident.





mardi 5 février 2013

La Californie


Cette nuit, j’ai rêvé que j’étais Karen, la grande gigue de Californication. C’est la nouvelle série que je regarde. De là, à en rêver, il y a normalement un monde mais pas chez moi. D’autant qu’il fallait un peu coucher avec David Duchovny, alias Hank Moody. Je l’ai fait vraiment pour la continuité de l’histoire, ils sont mariés dans la série. Ça sert à rien de faire sa mijaurée, des fois, il faut aller au turbin. Et puis, dans les rêves, on ne décide pas vraiment du scenario, ni de qui est le héros ou si c’est bien de coucher avec Hank Moody. On subit les choses, on se laisse faire, on couche. Ce que j’ai docilement fait. Mais maintenant bien réveillée, je me dis que c’est pas très réglo de ma part de rêver de cali-fornication, endormie à côté de mon bien-aimé. Pendant qu’il devait encore se battre avec des dragons ou éteindre des feux. Véridique. Mais personnel. Mais j’avais envie de le partager. It’s too cute ! Le mec qui rêve d’être pompier ou prince charmant. Pendant que moi, l’effarouchée, je chevauche la Californie !

Et puis après, oh horreur, j’étais Hank en slip et……
Bon, je ne me rappelle plus de la suite.

Vous savez, l’inconscient est un monde opaque, je ne préfère même pas m’y aventurer pour comprendre ce qu’il s’y passe. Je n’ai pas besoin de connaitre la signification de tous ces rêves surtout les miens. Et, ne vous arrêtez surtout pas au côté superficiel de celui-ci, sylphide californienne mi- femme, mi- fornicatrice. Il y a une autre couche sous les pavés : la Californie ! Je rêve de soleil, la nuit me sert d’exutoire à mon mécontentement météorologique quotidien.

Dring dring !!!!!!!! Boum boum boum !!!!! (on frappe à la porte)

Qui me sort de ma rêverie ? Prise en flagrant délit de coquinerie virtuelle, je reste un moment pétrifiée par la sonnerie puis me ressaisie. Je n’attends personne. Je suis sensée bosser, pas d’enfants, la maison est étrangement silencieuse, je suis en robe de chambre, café chaud près de mon ordi, tout s’annonce bien. Alors, dans ma maison, la boîte aux lettres est une fente dans la porte d’entrée. On peut l’ouvrir à son aise et épier l’intérieur. Juste pour s’assurer qu’il n’y a personne. Le monsieur en question qui s’acharne sur ma sonnerie ouvre ce clapet. Je me cache. Je suis en robe de chambre et surtout pas arrangée. Personne n’a le droit de me voir pas préparer. Même les facteurs ou les coursiers, ou les livreurs. Personne. Mon joli teint célestin du matin est le  résultat de longues heures passées à  chercher l’Astuce maquillage qui me rendra belle comme le jour tous les matins. Et ça marche, oh que oui !  Je suis donc plaquée contre le mur, ma respiration s’accélère, mes mèches rebelles matinales se collent sur mon front - lavage de cheveux aujourd’hui - que dois-je faire ? J’aimerais bien qu’il laisse tomber, y’a personne ici, on dépose le colis ou on laisse un mot, mais on-s’en-va !
Je suis légèrement bloquée, je n’ai aucune issue, je ne veux pas ouvrir mais il a l’air tenace. Ah, super, mes tartines sautent du grille pain. Je croise les doigts pour qu’il n’ait pas les oreilles de chien (rapport aux ultrasons) (je sais qu’il n’a pas de vraies oreilles de chiens) et qu’il ne fasse pas le lien entre tartines et petit déjeuner et Mme Machin à la maison. Hello ? Hello ? Notre livreur a fait le lien.


Purée, il insiste. Il aurait dû être vendeur de catalogues par correspondance, il aurait fait fortune. Ça se trouve, c’est important ? Peut-être que j’ai gagné au Loto et qu’il vient me donner le chèque ? Bah oui, mais non, j’ai pas mis ma touche éclat, je ne peux pas recevoir ainsi. Et puis réflexion faite, c’est impossible j’ai joué qu’une fois au Loto et c’était en 1999. Je sais qu’ils mettent du temps à retrouver les gagnants parfois, mais là, y’a prescription, mon butin a dû passer dans L’Euromillion. 
Ou bien, comme dans les films, c’est un subponea, vous savez, quand les autorités vous envoient un de leurs sbires pour remettre en personne (vous, l’accusé) un document qui prouve que vous êtes  incriminés et dans la merde. Ça se trouve c’est ça ? Je suis dans la merde ? Mais j’ai rien fait ! Attends… je réfléchis……j’ai bien volé un cadre, pour photos, magnifique en plastique au Carrefour de l’Agora dans l’Essonne quand j’avais 15 ans et bon, une poussette restée sous mon caddie par inadvertance au moment de passer en caisse, quelques années plus tard, en 99. Tout c’est passé en 99, l’envie de me faire un Loto et de voler une poussette.
M’auraient-ils retrouvé après tant d’années ? Je l’ai plus la poussette. C’était pour Oscar. J’étais une jeune mère, j’avais les hormones en vrac. Mais j’ai payé ma dette à la société maintenant, foutez moi la paix !

Zut, la minuterie du four retentit. Ouais, en plus des tartines, je me suis fait un pain au choc que j’aime mieux doré au four. Bah oui, j’ai le temps, personne pour m’en empêcher et me voir.
Sauf ce maudit livreur. Le four sonne comme la sirène incendie des pompiers New-Yorkais. Là, aucun doute, le mec, il sait que je le prends pour un con et que je me cache juste derrière la porte. Je fais des grands pas de côté avec mes chaussons lapins en restant collée au mur. Je ferme les yeux, fais une mini prière pour qu’il ne me voit pas (je pris la Déesse Artémis, rapport aux animaux, ça me donne souvent de la force, avant c’était Dionysos mais ça me faisait boire). J’appuie sur le bouton pour éteindre le four. Je regarde mon pain au choc avec une larme, et je me dis qu’en fait c’est ridicule cette histoire, je m’en fous de cet inconnu qui est en train de ruiner mon petit-déj. Alors, toujours à grands pas, mais cette fois droit devant moi, comme le mannequin sur son podium (en chaussons lapins mais avec panache), j’ouvre en grand la porte, l’air un poquito énervée pour découvrir… ciel, mon mari !

Toute cette transpiration sous les bras, pour mon mec ? Je lui demande ce qu’il veut à cette heure là ? Poliment mais je suis juste surprise quoi. A-t-il entendu ce que je racontais sur mes rêves ? A-t-il vu que je mangeais des tartines + un pain au chocolat ? Il me répond qu’il fait froid et qu’il a oublié ses clefs de bureau. (Bah, oui mais non. Je suis pas arrangée !!!)
J’ai l’air un peu suspecte tout d’un coup donc virement à bâbord et sourire de rigueur. Je lui trouve ses clefs et lui souffle de ma main un baiser volant. Bonne journée Darling !


Mariam Pagand refait des siennes. Elle revient parmi nous et elle a bien raison parce que ses illustrations sont hyper jolies. Merci merci merci!!!