mardi 9 avril 2013

French children don't throw food.


Pamela Druckerman est américaine, journaliste de son état, et s’est installée à Paris avec son mari il y a quelques années maintenant ; ils ont eu leurs enfants et furent heureux en France. Je crois. Elle a été tellement impressionnée par nous et nos principes d’éducation qu’elle en a écrit un livre, lequel est fait d’observations et de rencontres avec des professionnels de l’enfance et des gens comme vous et moi, ses amis, ses voisins.

J’avais lu un article il y a  six mois dans The  Independent ici, et je m’étais empressée d’acheter son livre. Pour moi, c’était enfin une preuve que je n’étais ni folle, ni une mauvaise mère. Pamela mettait en exergue ce que je n’ai jamais réussi à expliquer, le pourquoi je fais les choses différemment des mamans anglaises. Pamela, étant américaine, a comme point de référence son pays, et la façon de faire  là-bas. Je peux dire après avoir parcouru son livre (je n’ai pas encore tout lu) que les anglais font pareils, ce doit être donc la méthode Anglo-saxonne.

En gros ce que j’ai souvent vu ici, et que Pamela confirme, c’est que les enfants sont rois de chez rois, qu’ils maltraitent leurs parents et j’irai jusqu'à dire qu’ils leurs font peur. J’ai d’abord cru que c’était ces mères qui ont des enfants sur le tard et qui consacrent leur nouvelle vie à leurs enfants. Un dévouement tel, qu’elles en oublient d’être femme jusqu’au bout des seins. Leur vie a simplement un sens qui n’existait pas avant. Ça m’a fait flipper la première fois de voir une maman se faire taper par son enfant sur la figure et elle de ne rien dire à part un petit « chtouchtou choux, bébé »  d’une voix de petite fille.
Les rares fois où ça m’est arrivé, mes enfants ont compris que c’était leur dernière fois. Après, j’accroche les nattes de Rosie au mur et on bouge plus pendants 10 minutes pour rafraîchir la mémoire sur qui est la patronne dans cette maison. Pareil pour les caprices dans les supermarchés à se rouler par terre : jamais fait. Je ne dis pas que ce sont des anges, loin de là,  mais j’ai quelques règles sur lesquelles je ne déroge jamais.

Ce problème d’autorité concerne presque tous les parents de la middle class. Pamela compare les grossesses des Françaises et des Américaines. Elle remarque que nous n’en faisons pas tout un plat, que c’est naturel et qu’on ne s’achète pas 15 mille livres pour savoir comment on fait un bébé et être la meilleure des mamans. J’avais 24 ans quand j’étais enceinte d’Oscar et juste d’avoir vu ma grande sœur et ma belle-sœur, m’avait suffi à vivre la chose plus sereinement. Il y avait pourtant pleins d’inconnus. Quand Oscar est arrivé, j’ai improvisé, prenant les conseils de ma famille et des sages femmes de l’hôpital, en faisant mon petit mixe perso et voilà, oupla, j’étais une maman. Avec mes défauts et mes qualités, pas forcément la meilleure mais pas la plus nulle non plus. Je suivais mon instinct, je sentais plus les choses qu’avant.

Pamela semble surprise que nous continuions à vivre, manger comme si de rien était, alors qu’on est enceinte.
Je faisais un brin attention à comment je m’habillais par égard pour mon mari et les gens dans la rue. Je buvais mon verre de vin par semaine (oulala) ça choquait et je mangeais tous les fromages qui faisaient soulever des sourcils. Voilà, j’étais la brebis galeuse.


En pays anglo-saxon, il faut allaiter au moins un an et dormir avec son enfant aussi.  Donc si mes enfants ont rejoins leurs propres chambres dès la deuxième semaine de leur vie. Oh my god ! Je suis une craignos ? L’allaitement, un mois, presque deux pour le dernier, à peine pour celle du milieu, c’est pas mon truc c’est tout.
Pareil ? On me juge parce que j’ai fait différemment ?


Pamela évoque la sur-stimulation intellectuelle des enfants entre 1 et 4 ans. Ou plutôt des parents qui se sentent obliger de constamment les éveiller et de les accompagner a chaque instant de leur vie. Pas d’exploration seul et de prise d’initiatives. Il faut faire tout avec eux, se déguiser avec eux, parler comme eux, les faire lire et compter avant tout le monde. Et quelle déception si ces pauvres biquets ne sont pas intéressés. Au parc, on fait des pâtés avec eux, on passe l’heure à les pousser sur les balançoires et le tourniquet, et ces charmants bambins font courir leur mère partout, c’est eux qui décident. Forcément pour moi, c’était décevant d’être la seule sur le banc à regarder vaguement que ma gamine ne se plante pas du toboggan et encore, je me disais au fond, faut bien tomber pour apprendre. Il y a  une nouvelle vague de parents qui surprotègent leurs enfants, les prévient sans cesse qu’ils risquent de tomber, font des
hou et des ha à chaque fois qu’ils dérapent, ou se cognent le petit doigt. Ces parents sont constamment derrière leurs enfants. Pour moi, un enfant doit explorer le monde tout seul et moi, maman, interviens au dernier moment. Je veille sur mon poussin. J’aime laisser mes enfants faire un peu leur vie et quand vraiment ils s’ennuient, on peut jouer ensemble mais c’est rare. Je parle beaucoup avec eux de tout et de rien mais jamais des grandes choses de la vie sauf s’ils me demandent.
Pamela s’étonne de notre insistance à demander à nos enfants de dire bonjour et merci. D’être poli quoi. Ici on s’en fout de la politesse ou bien ? Jamais un enfant ne me dit bonjour et c’est pas de leur faute, c’est les parents qui s’en foutent, pour eux c’est pas important et je trouve que c’est plutôt paradoxale avec leur envie d’en faire des petits génies qui s’exprimeraient comme des adultes et qui sauraient tout sur la théorie du big bang quand ils ne connaissent même pas la base. Pamela est en extase devant nos « attends » quand les adultes parlent et que l’enfant doit patienter. Mes enfants ont du mal à se l’entendre dire mais ils patientent malgré tout. Parce que j’estime que ce que je dis a son importance, je suis un être humain pas une machine à changer les couches et lire des histoires de Lulu –Grenadine toute la sainte journée. Moi aussi, j’ai des trucs à raconter. Mais pas grand monde pour écouter. Ici, à chaque fois que je suis avec une copine maman, notre conversation passe toujours au second plan parce que petite terreur veut savoir comment on fait le chocolat ou n’ose pas aller en haut parce que ça fait peur. Et c’est arrivé plein de fois que ce soit impossible de parler et que je trouve une excuse pour partir car c’était juste insupportable. Les repas aussi, ici les parents font manger leurs enfants avant eux et vers 18h00. Très rarement, ils mangent ensemble. A nouveau, chacun fait comme il veut et puis chez moi de manger tous ensemble, ça veut dire coucher tout le monde tard mais c’est sympa d’être ensemble, de se raconter nos vies, de voir ce que les autres mangent, d’apprendre pleins de choses. Et c’est aussi sympa des fois, d’avoir des diners sans eux, où on peut manger sans faire la police et essayer de finir sa phrase dans dire « attends ».


Alors au final, je passe ici pour la grosse égoïste mais c’est tout ce que je connais, ce que j’ai eu, et franchement même si ce n’est pas parfait, je préfère mille fois ça qu’être l’esclave de mes enfants. C’est eux qui devraient être nos esclaves « vas me chercher le vin dans la cuisine, veux-tu petit ? » pendant que je regarde East Enders l’équivalent de Sous le soleil. Mais dans Londres, donc sous la pluie et puis beaucoup au pub donc pochtronés.
Et je la remercie Pam, car du haut de son statut de journaliste elle soulève un grave problème pour moi : le droit à la différence. Et la tolérance. Le droit de vivre et d’être une personne sans ses enfants. J’en ai trois, donc c’est de plus en plus difficile pour moi de trouver le temps d’être MOI. Mais je le trouve et je n’arrêterai jamais de le trouver, je partirai en vacances dix jours sans mes enfants et crotte à celles qui m’ont regardé comme une mère indigne, elles qui rêvent de le faire mais pensent que c’est incompatible avec leur vie de famille.

Merci Pamela Druckerman, d’éclairer un peu nos lanternes, je me sens moins seule. Et je vous trouve beaucoup de courage pour vivre parmi des Parisiens, car c’est de notoriété publique qu’on est pas facile à gérer.




Merci Anne Delaleu pour vos belles illustrations.




1 commentaire:

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