mardi 16 avril 2013

Ah…hum….ohhhhhh


Histoire de passer le cap de la quarantaine joliment, j’ai pris un rendez-vous pour un soin du visage chez Christiane l’esthéticienne. D’ailleurs, on ne dit plus l’esthéticienne mais le Spa. Une heure et demi de bien-être et d’oubli totale, voilà ce que je voulais.

C’était ma première fois dans ce spa bien que coutumière du bien-être. J’aime être bien en général. Par contre,  je change souvent de crèmerie car je n’ai pas encore trouvé mon repère de briscards. Je suis prête depuis hier soir car  ces moments d’abandon et de pomponnage ne m’arrivent pas si souvent. En gros, j’essaie de dire que je suis assez exigeante ; j’en veux pour mon temps et mon argent. Arrive Yasmina dans sa tenue blanche d’infirmière. Yasmina a une voix très douce et cristalline. Elle me demande de la suivre avec son énorme chignon échoué sur le haut de son crâne comme une crotte sur la tête d’une taupe. Ses sourcils ressemblent à  ceux de Frida Khalo, elle me fait peur. Je me rassure en me disant que Dieu merci, je n’ai pas demandé la séance maquillage et que donc Yasmina ne pourra pas faire joujou avec les couleurs comme elle a fait sur elle. Elle est orange, ses sourcils noirs ébènes tout comme ses cheveux. Ça doit être le chignon, qu’est-ce qu’elle y cache ? Ses produits de beauté ? Je n’ai jamais vu ça en 40 ans de carrière. Gros comme…. Une cage d’oiseau ? Un carton Ikea ? Enorme quoi.

J’ai malgré tout passé un moment délicieux, je me suis même permis de m’endormir. Massage des pieds, des mains, de la tête, peau refaite à neuve. Que demander de plus ? La musique. Demander d’éteindre la sono. Je crois que je n’aime pas la harpe, ni le clavecin ni la flûte de pan. Ça sera mon unique problème : s’ils ne passaient pas cette musique de chambre, ça serait le paradis. Chaque fois que j’ai un soin, je me fais la réflexion. Pourquoi nous passer de la musique qui donne envie de se jeter par la fenêtre. Honnêtement, dès les premières notes, je me vois déjà perdue au fin fond de la pampa, sous un soleil à crever, au sud de l’Espagne, sans eau ni espoir de revoir un jour mes parents. Voilà, ce que m’inspire ce genre de musique. Et je ne vais pas une fois par an me faire un soin (sans gamin, ni téléphone qui sonne, ou de mail, rien, pas un bruit ou une mouche qui vole) pour  avoir le poil hérissé à peine arrivée. Cette musique me donne le cafard. Il y a toujours un moment où les Yasmines vous laissent tranquille cinq minutes et elles reviennent quand vous dormez à moitié, que vous flottez dans un monde qui n’existe pas, celui entre Casimir et Bonne nuit les petits. Dans ce cas précis, j’avais envie de dire à Yasmina, de ne pas m’abandonner, j’allais pleurer si elle me laissait avec cette musique là. En plein milieu du soin, la musique s’est arrêtée, je me suis dit « chouette, je vais relâcher les muscles de ma mâchoire et m’assoupir ». Mais, que nenni, j’ai senti la panique dans la DJette qu’elle était. Elle a fait un petit « Oups » et je l’imaginais avec ses mains en l’air - genre la panique à bord - chercher son tourne disque et hop, elle m’a mis l’autre face en soufflant de soulagement ! 
Vangelis, c’est ça que ça me rappelle. Une heure de Vangelis quand on a rien fait à personne, c’est pas sympa.
A part ce pépin, c’était super, j’adore. Une fois sortie, je me sentais débarrassée de mes impuretés. Propre et figuré. C’est comme aller chez le coiffeur, à part avec Anthony, j’aime bien ne pas parler, réfléchir. C’est un moment détente où je remets en place tous les petits tracas de la vie. Il est donc capital que je sois tranquille à l’aise et capable de divaguer un peu. Trois enfants laissent peu de temps à la réflexion ; quand c’est fini avec l’un, il y a en toujours deux autres qui font la queue pour vous demander un truc, et des fois, ils adorent ça, ils parlent tous en  même temps. Et puis, sans parler du mari, du téléphone, des gens qui sortent de prison et qui me vendent des torchons une fois par semaine à la porte, de mon blog, des emails etc… C’est la cata ! On devrait tous avoir un soin en fin de journée tiens !
Je dis ça, mais mes enfants me manquent dans la journée, ma maison est trop calme, j’ai souvent hâte vers 14h00 qu’ils rentrent pour mettre un peu de bordel et de vie dans cette maison silencieuse. Les trois premières heures sont un délice. Elles devraient être garanties à tout parent, obligatoires comme un vaccin. Trois heures par jour de temps pour soi et de calme : coiffeur, spa, conduire des longues distance (Céret Marseille, seule) c’est bien pour réfléchir et en général, on arrive à faire des grandes choses. On ressort content de soi, ragaillardi, cinq cents bornes dans les pattes, mais un plan d’attaque pour les cinq prochaines années. Je sais  pas comment il faisait Napoléon mais c’est pas lui qui s’occupait des gamins, c’est évident. 





















Merci Estellou Craignou, sont supers tes dessins, c'est comme si tu avais rencontre Jasmina aussi.

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