Honeymoon et
lune de miel.
Dans ma vie
de femme mariée, j’avais envie de faire les choses comme dans Martine. Fiançailles, mariage, bébé, faire
des gâteaux à la maison avec Pouf le chien. Avant, je croyais que le mariage
était réservé aux princesses et Martine.
Ces images édulcorées et über romantiques tourbillonnaient dans ma tête, et j’étais
convaincue que, si je me mariais ça ne serait
qu’une fois, car l’amour de mariage, il n’y en a qu’un seul.
Alors qui m’a foutu ça dans la tête ? Mystère.
Ma mère contrôlait furieusement mes lectures et me forçait à
lire les classiques de la littérature française. Donc, non, ce n’est pas à
cause d’elle. Mon père, n’a jamais cru aux fées, donc c’est pas lui non plus.
Ça doit venir de ma copine Hélène. Non. Estelle. Oui ! Elle était
ANGLAISE. C’était ma première copine et on se racontait des histoires de
princesses et de Heidi jusqu'à pas d’heure quand je dormais chez elle. C ‘
EST ELLE la responsable !!!!!!
Avec tout ça, j’en étais devenue une romantique écervelée et d’après mon manuel Rothschildien,
il était bientôt l’heure de faire un bébé. Les choses se faisant dans un
certain ordre et nous avions passé l’étape lune de miel avec brio.
Je nous donne du 10/10. Je sens encore le sable chaud
mexicain sur ma peau. Dix jours d’oubli total de ce qu’il pouvait se passer
dans le monde. Je n’avais plus de famille, ni d’amis ou de travail, je n’avais
jamais vécu à Londres non plus. Je luttais juste pour ne jamais oublier que
j’avais un fils en Europe qui m’attendait.
Je marchais à la cerveza et aux shoots de soleil, pilotage
automatique direction le bonheur. Je n’ai pas décollé mon derrière du transat,
sauf pour boire quelques cocos locos et faire trois brasses dans la piscine, entourée de
palmiers et bercée par une brise délicate. Oscar, je te jure que tous les
jours, je me disais, ah si tu étais là…. Mais tu n’étais pas là.
On a quitté cet endroit paradisiaque une seule fois, pour
connaître un peu le vrai Mexique, le poussiéreux, le moustachu, celui qui sue
et qu’on traverse par les montagnes en roulant toute une nuit et découvrir
Oaxaca.
Nuit froide, un bus rempli de poules, de familles entières,
d’odeurs nauséabondes provenant des « toilettes ». Pendant que je
m’interrogeais sur la pissotière et l’odeur immonde, la petite fille devant moi
en a profité pour vomir sous mon siège et
sur mes pieds. J’étais contente, en plus de la pisse, ça sentait le vomi
maintenant. Mes chaussures gisaient dans sa bile. J’aimais le Mexique. J’aimais
cette lune de miel et ce bus.
« Arriba !!! » on est arrivé à six heures du
mat, complètement crevés, sales et affamés. On a erré comme des fantômes,
pendant deux heures, le temps que la ville se réveille. On était le 31 Octobre,
la fête des morts, journée commémorative plutôt festive chez eux, et pour nous,
touristes, c’était génial d’être là, dans les défilés, les marchés, dans les
rues animées. Nous n’avons pas résisté à l’achat de chapeaux Mexicains (je fais
ce que je veux) et aux poses photos façons « hihaaaa bang
bang ! »
comme dans Les trois amigos. Faut faire semblant d’avoir des pistolets …et
tirer en l’air. En fin de journée, j’avais quand même hâte de retrouver mon hôtel , ma bulle de bonheur à
Puerto Escondido.
Sinon, parler espagnol nous allait bien à Pip et moi. Au
moins, on avait trouvé un terrain d’entente. Neutralité, cessez le feu, plus de
barrage linguistique ni de Pouah. On se moquait facilement de l’autre et se retrouvait à deux dans la même
galère. On était donc obligé de se soutenir. Des fois, je ne le soutenais pas.
Je le laissais s’empêtrer dans son mouise linguistique. Je parlais un peu mieux
que lui ; j’aimais fermer les yeux et l’entendre parler le Jane Birkin
espagnol. Il maitrisait bien le « una cerveza por favor » et parlait mieux aux alentours de
22h00 et de dix cervezas.
Je voudrais en profiter pour remercier Mme Worms, ma prof
d’espagnol, qui m’a bassiné pendant deux ans à répéter sans arrêt la même chose.
Je ne pensais pas que, si tard dans ma vie, je m’en rappellerais et que cela me
serait très utile. Alors merci. Et puis une lune de miel, c’est bien.
En vacances, on oublie tout, on a plus rien à faire du tout,
on s’envoie en l’air, ça c’est super.